Réhabilitation d’une zone de rejet végétalisée
Préservation de la ressource en eau
Usine de traitement des eaux usées d’Aix-en-Provence, les Milles (Bouches-du-Rhône, 13)
Performance : 3 300 m³/jour en moyenne pour l’année 2023
30 000 équivalents-habitants
Milieu récepteur : cours d’eau de l’Arc
Maître d’ouvrage : Régie des Eaux du Pays d’Aix
Gestionnaire de la station : SUEZ EAU France
Travaux : La Compagnie des Forestiers
Chef d’équipe : Olivier Ribeiro
Zone de rejet végétalisée implantée en sortie de la station d’épuration d’Aix-en-Provence Ouest
Restauration d’une zone de rejet végétalisée
Contexte et objectifs
Malgré les travaux de végétalisation réalisés en 2008, la zone de rejet végétalisée de la station d’épuration d’Aix-en-Provence Ouest n’est plus suffisamment opérationelle pour soutenir une biodiversité diversifiée ni pour accueillir le public de manière satisfaisante.
Nous avons pu constater sur le site une présence assez forte du ragondin avec ses grands terriers destructeurs de berges, qui semble apprécier les jeunes pousses d’hélophytes encore en place, ainsi que de la lentille d’eau, qui peut poser des problèmes d’eutrophisation.
Pourtant, en raison de sa proximité avec le cours d’eau de l’Arc, cette zone pourrait jouer un rôle crucial dans la préservation de la biodiversité et assurer une continuité écologique. La Régie des Eaux du Pays d’Aix a souhaité que cette zone humide (rare dans notre région), soit réhabilité.
Proposition
La proposition de réhabilitation que nous avons formulé est construite pour répondre à deux objectifs : recréer un milieu humide fonctionnel et réduire les impacts du rejet de la station sur le milieu récepteur. Ces aménagements permettront aussi de valoriser l’aspect paysager et l’acceptabilité sociale de la station.
Définition : Zone de rejet végétalisée – ZRV (Ouvrage artificiel relevant du génie écologique)
Une zone de rejet végétalisée (ZRV) est définie comme un espace aménagé entre la station de traitement des eaux usées et le milieu récepteur superficiel des rejets des eaux usées traitées. À la différence d’une zone humide naturelle, il s’agit d’un ouvrage artificiel pouvant prendre différentes formes (prairies, bassins et/ou fossés, mares, noues, chenaux méandreux).
Les ZRV permettent notamment de recréer des milieux humides fonctionnels, offrent un environnement propice à la biodiversité, et contribuent dans une certaine mesure à réduire les impacts des rejets sur le milieu récepteur.
Image © 2024 Airbus
Avril 2024 La Compagnie des Forestiers
Des berges remodelées en pentes douces
Les travaux se sont déroulés en plusieurs étapes. Tout d’abord, le terrain est préparé par un terrassement méticuleux. Les berges sont remodelées, des risbermes (talus de protection) sont créées et des connexions entre les bassins sont aménagées afin d’optimiser l’écoulement et la circulation de l’eau. Des seuils de radiers (petits barrages), sont ensuite installés pour réguler le débit de l’eau.
Un refuge pour la faune et la flore
Pour favoriser la biodiversité, une mosaïque d’habitats naturels est créée le long des berges. Des roselières, des saulaies et des mégaphorbiaies (prairies humides) prennent vie, offrant un refuge à une multitude d’espèces végétales et animales. Des plantes hélophytes et hydrophytes sont également implantées, contribuant à l’équilibre écologique du site. Enfin, des arbres et des arbustes viennent compléter ce tableau végétal, apportant ombre et fraîcheur.
Création des berges
Les berges sont remodelées avec des pentes douces, favorisant l’implantation de la végétation et la circulation de la faune.
Cette conception, avec un rapport hauteur/longueur de 1/2 à 1/5, permet un accès facile pour leur entretien. De plus, cela prévient l’érosion et permet la création de différents milieux, avec des zones sèches en haut de la berge, des milieux humides en transition le long de la pente douce, et des zones aquatiques au centre de la mare.
Terrassement des berges et création d’ilôts
Réalisation de risbermes
La réalisation de risbermes est une étape importante dans la restauration d’un écosystème. Il s’agit de plateformes de terre installées le long des berges pour créer des zones de transition entre l’eau et la terre.
Les risbermes peuvent être construites à partir de différents matériaux tels que la terre, le gravier ou le sable. Elles permettent de filtrer l’eau qui s’écoule de la terre vers l’eau et de créer des zones humides propices à la biodiversité. Elles sont également plantées avec des végétaux adaptés tels que les roseaux, les joncs ou les carex.
Les risbermes sont des talus de protection
Réutilisation des matériaux
Pour recréer les pentes et les risbermes ainsi que les avancées dans les bassins, nous avons réutilisé les matériaux du site. En fonction de la qualité de ces matériaux, nous avons rajouté de la terre végétale sur la couche superficielle pour la reprise des végétaux.
Nous mettons également en place quelques blocs d’enrochement sur les berges pour multiplier les zones d’abris pour la faune.
La création de différents habitats autour des bassins permettra d’attirer principalement les odonates (libellule), les amphibiens et l’avifaune (oiseaux).
Création d’une avancée dans le bassin
Création de connexions entre les bassins
Diversifier les habitats écologiques
Pour diversifier les habitats écologiques, nous avons varié les profondeurs et la végétation. Nous avons également connecté les bassins entre eux pour favoriser l’équilibre de l’écosystème. Des seuils ont été construits sous forme de cascades ou de radiers avec une légère pente. Cela permet de réguler le débit de l’eau, favorise son oxygénation et crée des zones de turbulence propices à la création d’habitats pour la faune.
Ces seuils nécessiteront une surveillance pour éviter les obstructions, notamment pendant les saisons automnales. Il a également été important de favoriser les écoulements à travers différents substrats au fond des ouvrages (galets, graviers, boues…).
Nous avons constaté un différentiel d’altimétrie de 50 cm entre les bassins sud et nord. Il nous a fallu relever le premier bassin de 20 à 25 cm pour avoir une différence de hauteur d’eau entre chaque connexion
Création d’un seuil
Création des roselières
Afin de créer différentes roselières, nous avons fait le choix de planter des zones végétales monospécifiques : Phragmitaie, Glyceria et Caricaie. En effet, les retours d’expérience montrent que seules les espèces dominantes poursuivent leur développement ; il est donc préférable de prévoir plusieurs secteurs de taille moyenne de plantation mono-espèces plutôt qu’un seul secteur de grande taille planté de plusieurs espèces.
Phragmites australis – Étang Salé de Courthézon (84, Vaucluse) – Réalisation d’un cheminement sur pieux battus vers un observatoire
Les roselières attirent une faune remarquable
Elles créent des zones d’abri, de ponte ou de cachette pour de nombreuses espèces animales telles que les insectes, les amphibiens, les oiseaux, etc. Elles constituent ainsi des habitats riches en ressources alimentaires, indispensables notamment pour les oiseaux paludicoles (qui vivent dans les marais et les marécages).
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Des avancées en mégaphorbiaies
Dans le but de diversifier le milieu par différentes strates de végétation, les avancées dans les bassins ont été semées avec un mélange prairial adapté aux zones humides.
Nous travaillons avec un fournisseur qui privilégie le prélèvement en milieu naturel afin de garantir la reprise et l’adaptation des végétaux. Ce choix favorisera l’attraction des pollinisateurs tels que les abeilles, les papillons et les odonates (libellules).
Des mégaphorbiaies pour stabiliser une Digue : Carrière Lafarge Granulat Sud – Cavaillon (Vaucluse, 84) – Chantier réalisé en 2012
Plantation de saulaies
La plantation de boutures de saules permet de créer différentes saulaies avec différentes espèces allant de l’arbustif à l’arboré. Les boutures ont été prélevées au plus proche de la zone de travaux afin de faciliter leur reprise. Les racines de saules ont la capacité d’absorber les nitrates.
Une bande de plantations arbustive à arborée sera réalisée sur la berge sud des bassins pour participer à l’ombrage et éviter ainsi un trop gros développement des lentilles.
Une saulaie au bord d’un cours d’eau
Les végétaux
Tous nos végétaux sont contrôlés et mis en jauge dès leur réception et ce jusqu’à leur plantation. Ils sont au maximum originaire du bassin méditerranéen.
Un échalas est positionné sur chaque plant en godet forestier afin de pouvoir les repérer lors des futurs entretiens du site.
Pour les baliveaux, un tuteur monopode est positionné en biais et fixé à l’aide d’une bande coco.
Des hydrophytes ont été plantés pour diversifier la végétation dans certaines zones.
Mise en jauge des plantes – Végétaux prévus pour la création d’une lône en compensation du renforcement de la digue Arles/Tarascon – Chantier réalisé pour le Symadrem 2019/2020
La connexion avec le milieu naturel
Préserver des continuités écologiques terrestres et aquatiques
Pour parachever l’aménagement, des reconnexions avec le milieu naturel sous forme de noues ont été réalisées pour chaque groupe de bassins. Cela représente trois reconnexions végétalisées, formant chacune un corridor écologique entre les bassins et le lit majeur de l’Arc.
La création de ces noues réalisées entre la zone de rejet et le fleuve côtier Arc permet de créer de véritables corridors écologiques.
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Une faune déjà bien présente sur le site
Tortues de Floride, ragondins, batraciens, lézards, hérons et même des carpes !
Gestion des espèces envahissantes
Le ragondin est particulièrement problématique ici, notamment pour protéger les jeunes pousses d’hélophytes que nous avons plantées, ainsi que pour le maintien des berges.
Un piégeage a déjà été réalisé mais sans grand succès. Si nécessaire, celui-ci sera renouvelé pendant trois semaines deux fois par an.
Création d’habitats favorables à la faune
En plus de la création d’habitats naturels pour la faune le long des berges (roselières, saulaies, mégaphorbiaies), nous avons donné carte blanche à notre équipe pour créer des gîtes pour les reptiles, les insectes, etc., à l’aide des derniers matériaux inutilisés sur le site. Rien ne se perd !
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